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mercredi 24 juin 2015

Travailler à la planche à dessin


Je voulais, avant la pause des vacances d'été, écrire deux articles sur le travail à l'atelier : l'un sur le travail à la planche à dessin et l'autre, pour la semaine prochaine, sur le travail à l'ordinateur. Je ne vais pas aborder ici l'aspect technique, mais plutôt l'aspect organisationnel et autour de l'état d'esprit à cultiver, des pièges à éviter. 

Donc, pour aujourd'hui, la planche à dessin. Travailler à la planche à dessin demande à priori très peu de choses : du papier, de quoi dessiner ou peindre (pour moi, c'est simple : crayon et feutres noirs d'épaisseurs diverses). Et puis, surtout, d'un peu de temps devant soi. J'avais écrit un article sur le processus créatif où je parlais déjà beaucoup de la difficulté de commencer justement. Aujourd'hui, je vais plutôt développer l'état d'esprit à cultiver. C'est, après celle qui consiste à commencer, probablement ce qu'il y a de plus crucial. Je pense qu'on est beaucoup, voire tous, à avoir un critique intérieur très puissant. qui parle très très fort, qui juge approchant tout ce que l'on pourrait tenter oser de faire. Et ça, c'est destructeur de façon générale, mais encore plus ici, dans le travail à la planche à dessin. Parce que pour oser commencer, travailler, essayer, se risquer, il faut développer de la bienveillance envers soi-même et envers son travail, beaucoup de bienveillance. Ca n'est pas facile. C'est en cela que le travail à la planche à dessin est difficile : cela signifie en gros affronter ce critique intérieur. C'est là tout le challenge à mon avis. Ce travail implique de garder du mieux qu'on peut son critique intérieur très loin de soi, se donner le droit de "pétouiller", de faire des erreurs (ça c'est essentiel!), de ne pas "faire joli", d'apprendre, de ne pas savoir, de perdre son temps. J'ai beaucoup appris à ce sujet à mon cours de graphisme. Etrangement, c'est peut-être ce que j'y ai appris de plus important : développer une idée prend du temps, alors, on y travaille. Passer deux heures devant son bloc de papier et dessiner, faire des croquis, reprendre, passer à autre chose, puis y revenir, développer, avoir envie de s'arrêter, se dire qu'on n'a plus d'idées, regarder autour de soi et puis, une nouvelle idée, l'essayer, essayer encore et encore. Et recommencer. Et que ça soit normal!

Pour m'entraîner à tout cela à la maison, quand ce n'est pas si facile de mettre deux heures à part pour griffonner du papier, j'ai développé deux-trois astuces qui me permettent de m'installer derrière mon bureau : 
  • Se fixer un temps pour travailler. Le prévoir dans son planning. Prévoir aussi le temps que je vais y consacrer. Deux heures, c'est le plus souvent un peu trop ambitieux. Mais une heure est extra : suffisant pour pouvoir s'impliquer dans la pratique, mais pas trop pour ne pas oser s'y lancer! 
  • Prévoir une bonne tasse de café au lait!
  • Savoir ce que je vais travailler à l'avance. J'ai eu ma période fleurs et plantes (apprendre à les styliser, à jouer avec leurs formes), puis ma période mains, puis le corps humain en général, les mouvements, imaginer des personnages. En ce moment, je suis très "maisons". 
  • Organiser aussi la méthode , en variant le type de dessin : dessin d'observation (soit à partir de la réalité ou de photos), dessin de mémoire ou un peu des deux. 
  • Faire des pauses. C'est plus important que ça en a l'air... Prendre un peu de recul permet de ne pas tout jeter ou de s'orienter un peu différemment. 
Etre bienveillant, c'est accepter que dans ce processus il y a beaucoup de déchets. Pour un bon croquis, il y en a généralement beaucoup de moins bons. Et c'est ok. Même si, avec le temps, je découvre que même un croquis un peu décevant peut être retravaillé, découpé... on peut tout aussi bien décalquer une partie intéressante et améliorer ce qui peut l'être. Donc, idéalement, avoir autour de soi : photocopieuse-imprimante, papier calque et ciseaux. Et je ne parle pas ici de ce qui peut être fait à l'ordinateur... Donc, attention de ne pas avoir de jugement trop hâtif et de jeter à tout va. L'idéal est de regarder ses croquis quelques jours plus tard, avec un peu de recul...

Et puis se dire aussi, qu'avec le temps, ça devient plus facile. On développe petit à petit une forme de confiance en soi, en son travail. On réalise très concrètement que notre technique évolue, que sa main devient plus sûre. On apprivoise probablement un peu tout cela et le critique surtout, en tout cas certains jours. Ce qui est un gros progrès! 

La semaine prochaine, je vous parlerai du travail à l'ordinateur, qui a d'autres règles et d'autres pièges...


Articles qui pourraient peut-être aussi vous intéresser sur ce sujet : 

I wanted before the summer holiday break to write two posts on the work in the studio: one on the job at the drawing board and the other, for next week, on the job on the computer. I will not discuss here the technical aspect, but rather the organizational aspect and about the state of mind to cultivate and the pitfalls to avoid.

So for now, the drawing board. Working at the drawing board asks a priori very few things: paper, pens or pencil (for me, it's simple: pencil and black felt pens of various thicknesses). And above all, a little time ahead. I wrote an article about the creative process writing that the most difficult thing is just... to start! Today I'm going to develop the mindset to cultivate. This is probably, after the point of just starting, the more crucial aspect. Everyone of us have a very powerful inner critic. who speaks very very loudly, judging about everything one could dare to attempt. And that is destructive in general, but much more in the creative process and the work at the drawing board. Because for daring to begin, to try new things, to experiment, we must develop kindness to oneself and to ones work, a lot of kindness. It's not easy. This is the difficult thing at working at the drawing board : this basically means to face our inner critic. Therein lies the challenge in my opinion. This work involves keeping as best as we can this inner criticic far from oneself, giving ourself the right to make mistakes (that's essential!), not to always make "nice drawing", not knowing, wasting time. I learned a lot about it during my design courses. Strangely, perhaps this is the most important thing that I've learned : to develop an idea takes time, so we have to work at it. To spend two hours in front of our pad of paper and draw, sketching, resume, skip to something else and then come back, develop, to want to stop, say that we have more ideas, look around and then find a new idea, try, try again and again. And again. And it is normal!

To train this at home, when it's not so easy to put two hours apart to scribble paper, I developed two to three tricks that allow me to settle down behind my desk:
  • Set a time to work. Two hours is usually a little too ambitious. But an hour is extra: enough to be able to engage in the practice, but not too much not dare throw it!
  • Get a cup of coffee!
  • Know what I'm going to work in advance. I had my flowers and plants period(learning to stylize, playing with their forms), then my hands periods, then the human body in general, movements, imagining characters. Right now, I am very "houses".
  • Also arrange the method, varying the type of drawing: drawing from observation (either from reality or photos), drawing from memory, or a little of both.
  • Take breaks. This is bigger than it looks ... Take a step back allows not just throw or move a little differently.
Being kind with oneself means accepting that in this process there is a lot of waste. For a good sketch, there are usually a lot worse. And that's ok. Although, over time, I discovered that even a disappointing sketches can be reworked, cut ... we can just as well trace an interesting part and improve what can be. So ideally have around you: copier-printer, tracing paper and scissors. And I'm not talking about what can be done to the computer ... so be careful not to be too hasty judgment. The ideal is to look at ones sketches a few days later, with a step back ...

And over time, this process is getting easier. We develop slowly a form of self-confidence in our work. Concretely we realize that our skills evolve, our hand becomes safer. And the inner critic can even some days be silent.... This is a big progress!

So next week I will talk about the work at the computer, which has other rules and other traps ...

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