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lundi 7 octobre 2013

Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants

Michelangelo possède un carnet, un simple cahier qu’il a réalisé lui-même, des feuilles pliées en deux retenues par une ficelle, et une couverture de carte épaisse. Ce n’est pas un carnet de croquis, il n’y dessine pas ; il n’y note pas non plus les vers qui lui viennent parfois, ou les brouillons de ses lettres, encore moins ses impressions sur les jours ou le temps qu’il fait.

Dans ce cahier taché, il consigne des trésors. Des accumulations interminables d’objets divers, des comptes, des dépenses, des fournitures ; des trousseaux, des menus, des mots, tout simplement.

Son carnet, c’est sa malle.

Le nom des choses leur donne la vie.

11 mai, voile latine, tourmentin, balancine, drisse, déferlage.
12 mai, garcette, cabestan, varangue, coupée, carlingue.
13 mai, étoupe, amadou, briquet, mèche, huile.
14 mai, dix petites feuilles de papier lourd et cinq grandes,trois belles plumes, un encrier, une bouteille d’encre noire, une fiole de rouge, mines de plomb, porte-mine, trois sanguines.”


Mathias Enard. Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants. Actes Sud, 2010.


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